C'est aujourd'hui à compter de 11 h que les orphelins de Duplessis manifesteront devant le bureau de Montréal du Premier Ministre Bouchard et ensuite vers 12 h 30 devant celui de Monseigneur Jean-Claude Turcotte. Par ce geste symbolique, la bouche muselée et revêtus de camisoles de force, les orphelins de Duplessis refusent le silence dans lequel le Gouvernement du Québec et l'Eglise catholique veulent les enfermer. Malgré les nombreuses promesses faites par le Premier Ministre Bouchard devant l'Assemblée nationale et ce, depuis 1997, à savoir qu'il s'occuperait personnellement du dossier des orphelins de Duplessis, rien n'a bougé depuis. Le gouvernement refuse toujours de s'engager sur la voie d'une reconnaissance de ses torts et l'Eglise catholique, représentée par Monseigneur Jean-Claude Turcotte, se retranche derrière un mur de silence. Peu de gens comprennent vraiment l'ampleur des torts qui furent causés à ces enfants, innocentes victimes d'un jeu politique entre l'Eglise catholique et le Gouvernement du Québec. Dans les années 40 et 50, alors que l'Eglise catholique défendait l'usage de moyens contraceptifs, (c'était un pêché mortel), plusieurs milliers d'enfants naturels confiés aux soins de l'Etat furent élevés dans des orphelinats contrôlés par l'Eglise catholique. Parce que le Gouvernement du Québec désirait conserver ses subventions du Gouvernement fédéral, le Premier Ministre du Québec, Maurice Duplessis, et les dirigeants de l'Eglise catholique, ont convenu, par exemple dans le cas de l'orphelinat Mont-Providence, et cela en échange de 3 millions $, de transformer cet orphelinat en asile psychiatrique qui allait devenir l'hôpital psychiatrique Rivière-des-Prairies. Sous les instructions du Gouvernement de Maurice Duplessis et de l'Eglise catholique, les médecins responsables ont ainsi falsifié les dossiers médicaux de ces enfants les qualifiant de débiles mentaux et ils ont reçu des traitements réservés normalement à ceux-ci : camisoles de force, électrochocs, médication excessive, mise au cachot pendant des semaines et plusieurs furent même torturés. Ils furent abusés physiquement et certains sexuellement par des religieuses et leurs employés, certains furent lobotomisés. Ces enfants ont été utilisés comme esclaves, travaillant sans rémunération pour l'Eglise, par exemple pour laver les malades mentaux. L'Eglise recevait des subventions gouvernementales plus élevées pour la garde d'un malade mental que pour un simple orphelin. Le profit financier joua donc un rôle important dans la classification d'enfants en débiles mentaux. Ces propos furent détaillés dans le rapport du protecteur du citoyen du Québec, M Daniel Jocoby, en 1997 et qui souligne que le Gouvernement du Québec maintenait au minimum sa participation au bien-être des orphelins en plaçant ceux-ci dans des hôpitaux psychiatriques, propriétés de l'Eglise catholique, qui eux se qualifiaient pour des subventions fédérales. Le Gouvernement du Québec a donc profité financièrement lui aussi de la situation. Les quelque 3 000 orphelins de Duplessis, innocentes victimes, comptent parmi les gens les plus vulnérables de notre société. Leurs faibles ressources financières, l'absence d'éducation font qu'ils n'ont pas les ressources nécessaires pour poursuivre une longue lutte. Ils veulent mettre un terme à cette situation. Ils désirent une enquête publique qui fasse pleine lumière sur les abus qu'ils ont subis et surtout en vertu du rapport accablant du Curateur public sorti hier concernant l'hôpital psychiatrique Rivières-des-Prairies, lieu où plusieurs de ces enfants furent détenus (anciennement Mont-Providence). Ils veulent que le Gouvernement et l'Eglise catholique reconnaissent enfin leurs torts et leur responsabilité. Le Québec est la seule province au pays qui ne l'a pas encore fait. Presque tous ont perdu la chance de vivre une vie normale, une carrière et une santé mentale non perturbée par des souvenirs d'abus. Une étude de l'Université McGill réalisée en 1997, a comparé l'état de santé des orphelins de Duplessis avec celui d'un groupe de citoyens à faibles revenus (10 000 $ et moins). On a trouvé des différences significatives entre les deux groupes. L'étude a démontré que tous les indices de santé des orphelins, par exemple l'indice de stress, celui des maladies chroniques, du suicide ou des problèmes personnels étaient pire que, ceux du groupe de comparaison. Ainsi 54 % des orphelins de Duplessis avaient sérieusement pensé au suicide dans le passé contre 16,9 % du groupe de comparaison composé de gens pauvres. Il faut que cesse ce scandale dont on connaît l'existence depuis plusieurs années. Malgré les nombreuses promesses du Premier Ministre Bouchard faites à l'Assemblée nationale et ce, depuis 1997, rien ne bouge. Seulement la promesse d'une éventuelle déclaration que le Premier Ministre laisse planer uniquement lorsque les médias le questionne. De son côté, le grand patron de l'Eglise catholique, Monseigneur Turcotte, se cache derrière un mur de silence! On aimerait bien empêcher les orphelins de Duplessis de parler comme dans le temps !